LIVE - COCOROSIE -  ESPACE JULIEN - 16 JUIN 25

CocoRosie à Marseille : deux sœurs, deux lunes, et moi qui flotte

 

Je suis encore ailleurs. Mon corps est revenu de l’Espace Julien hier soir, mais ma tête est restée suspendue quelque part entre un violon et une boîte à rythme. CocoRosie en live, c’est jamais juste un concert. C’est une faille spatio-émotionnelle.

Un passage.

Une montée douce.

Une secousse lente.

C’est la quatrième fois que je les vois. Et je suis encore surprise de la puissance de cette douceur. Un choc en apesanteur. Elles arrivent, les deux sœurs magiques, avec leurs costumes d’un autre monde, drôles, tendres, toujours un peu à côté, et pourtant en plein dedans. Elles me regardent sans me voir, et moi j’ai l’impression qu’elles chantent juste pour moi.

À peine ça commence que je pars. Une sorte de transe tranquille, un petit voyage astral sans fumée ni tambour, juste leur musique, entre murmure et tremblement. Le monde se coupe. Plus de Marseille, plus de chaise, plus de peau. Il ne reste que leur voix, leurs machines, cette batterie étrange qui imite le beatbox (Lex me manque, bien sûr, mais ce batteur est fou — il joue comme une boîte vivante), les violons qui percent le ventre, et ce type au thérémine, qui ouvre le set comme on ouvrirait une porte dans le ciel.

Le set est somptueux. Presque deux heures. Je n’ai rien vu passer. Elles donnent, vraiment. Pas juste un enchaînement de morceaux — un vrai moment partagé.

Une offrande.

C’est rare.

Elles arrivent à être proches et lointaines en même temps. Comme si elles s’excusaient presque d’être là, et en même temps qu’elles te laissaient tout.

Petit deuil quand même : elles n’ont pas chanté Yesterday. J’y croyais jusqu’à la fin. Mais bon. J’ai quand même flotté tout le long, les larmes pas loin sans savoir pourquoi. Je suis sortie tremblante et pleine.

Encore une fois, CocoRosie m’a tout pris, et tout rendu.

 

 

CocoRosie in Marseille: two sisters, two moons, and me—somewhere floating

 

I’m still not fully back. My body left Espace Julien last night, sure, but my head’s still hanging somewhere between a violin string and a drum machine. Seeing CocoRosie live isn’t just a concert. It’s a soft tremor. A slip in time. A slow, electric rise.

It’s the fourth time I’ve seen them. And still, I’m surprised. Surprised by how much softness can hit like a wave. They show up—those two magical sisters—in their strange, funny, celestial outfits. A little offbeat, a little shy, but completely there. They look without looking, and somehow it feels like they’re singing just for me.

The second they start, I’m gone. A kind of quiet trance, like floating out of myself without smoke or noise. Just their music—half-whisper, half-storm. Everything else fades. No more Marseille. No more chair. No more body. Only their voices, the weirdly beautiful drums mimicking human beatbox (yes, I miss Lex, of course I do—but this drummer? unreal), the aching violins, and that guy on the theremin opening the set like he’s unlocking a door in the sky.

The set was gorgeous. Almost two full hours. It felt like five minutes. They gave us everything. Not just songs—an actual moment, raw and shared. That’s rare. They manage to be distant and intimate all at once. Like they’re apologizing for being here, and also handing you their whole chest.

One heartbreak, though: they didn’t play Yesterday. I waited for it till the end. But still. I floated the whole time, tears somewhere just under the skin, without knowing why.

Once again, CocoRosie took everything from me—and gave it all back.

 

LIVE - COCOROSIE -  ESPACE JULIEN - 16 JUIN 25
Retour à l'accueil