"Sound Like ..." Florry

"Sound Like ..." Florry

Barbecue sur bitume, désir dans les dents, solo de gratte comme un coup de poing au plexus.

 

Il est 20h39. Le ciel est violet. La lumière colle aux chevilles. Et Florry balance le riff.

Il n’y a rien de lisse dans Sounds Like..., dernier album du collectif (oui, collectif, pas juste "groupe") emmené par Francie Medosch. C’est du country-rock qui transpire. Qui brûle, qui rit, qui saigne du nez. Un disque où chaque chanson donne l’impression qu’elle a été écrite dans un parking au crépuscule, avec les doigts encore gras de sauce barbecue, le cœur écrasé sous une veste en jean, et cette tension — toujours cette tension — entre la chute imminente et la pulsation du groove.

Le corps est partout. Il glisse, se cogne, tient à peine debout. Sur First it was a movie, then it was a book, Medosch chante comme si elle dansait avec un lumbago. Une phrase te saute à la gorge : “If I wasn’t feeling so empty, baby, I’d give that movie five out of five.” Elle rit en chantant. Mais le vide est là, sous la voix. Ça balance, ça groove, et derrière, ça menace de s’effondrer.

 

On pourrait parler des influences — un peu Dylan, un peu Dr. Dog, un peu Olympia 90s, beaucoup de chaos contenu — mais ce serait mentir. Florry ne ressemble à personne. Florry fait. Florry florry, verbe conjugué à l’impératif : jouer comme si le monde brûlait, aimer comme si c’était la dernière bière, hurler comme si c’était ta seule phrase du jour.

Et dans ce foutoir magistral : des éclats de grâce.

Un solo qui crisse comme un cri d’enfant dans “Sexy”.

Une ligne de basse sale mais obsédante dans “You Don’t Know”, qui serpente comme une pensée intrusive.
Une voix cassée dans “Pretty Eyes Lorraine”, tellement cassée qu’elle devient sacrée.

C’est toujours charnel. C’est toujours une manière de se tenir debout, même mal. Même flou.

Le disque n'explique rien. Il montre. Une soirée, une douleur, une main sur une cuisse. Des silences en arrière-plan. Des rires qui dérapent. “Baby’s crazy sexy,” chante Medosch, et dans cette simplicité, il y a un vertige. Parce que ce n’est pas de l’ironie. C’est de la vérité physique. Une vérité qu’on vit avec les hanches.

Il y a cette scène : “barbecue on Valentine’s with my best friend Eli.” On l’imagine. On la sent. La chaleur, la viande, l’amitié cabossée. C’est là que Medosch place ses morceaux de réel. Les détails deviennent cinéma. Les chansons, des plans-séquences mal cadrés, magnifiques. Rien n’est propre. Tout est précieux.

Le son, lui, est ramassé, râpeux, vivant. Produit par Colin Miller, ça respire par saccades. Pas de vernis. Pas d’autotune. Juste la sueur, les erreurs, les élans. Tu sens les corps jouer. Tu sens le groupe comme une meute. Rien n’est plus groove que ça : cette désinvolture maîtrisée, ce bordel qui groove comme un battement d’artères.

Et oui, il y a des moments où tu ne comprends pas tout.

Mais Je te dirais : on ne comprend pas, on ressent.

Tu ressens que quelque chose est en train de survivre en beauté. Que ce disque est un talisman contre l’effondrement poli des choses. Que cette musique, jouée trop fort, trop libre, trop vivante, est peut-être ce qui reste de vrai.

 

Alors je ne vais pas vous expliquer Sounds Like.... Je vais juste vous/te dire : mettez-le dans vos oreilles, très fort. Ouvrez les fenêtres. Et florry, florry, florry, jusqu’à ce que la lumière parte.

INDIE - SOUND LIKE... - FLORRY - ALBUM - 2025

 

Barbecue on pavement, desire in your teeth, a guitar solo like a punch to the solar plexus.

It’s 8:39 p.m. The sky’s gone violet. The light clings to your ankles. And Florry hits the riff.

There’s nothing smooth about Sounds Like…, the latest album from the collective (yes, collective, not just “band”) led by Francie Medosch. It’s country-rock that sweats. That burns, laughs, nosebleeds. A record where every song feels like it was written in a parking lot at dusk, fingers still greasy with barbecue sauce, heart pressed under a denim jacket, and this tension — always the tension — between the looming crash and the pulse of the groove.

The body is everywhere. Slipping, colliding, barely standing upright. On First it was a movie, then it was a book, Medosch sings like she’s dancing with a thrown-out back. One line grabs you by the throat: “If I wasn’t feeling so empty, baby, I’d give that movie five out of five.” She sings it with a laugh. But the emptiness is there, right under the voice. It swings, it grooves — and somewhere underneath, it's about to collapse.

We could talk influences — a little Dylan, a little Dr. Dog, some 90s Olympia, a lot of barely-contained chaos — but that would be lying. Florry doesn’t sound like anyone. Florry does. Florry florries, verb, imperative: to play like the world’s on fire, to love like it’s the last beer, to scream like it’s your one line left to say.

And in this beautiful mess: flashes of grace. A solo in Sexy that screeches like a child’s scream.

A dirty, looping bassline in You Don’t Know, winding through like an intrusive thought.

A broken voice in Pretty Eyes Lorraine, so broken it becomes holy.

Always physical. Always a way to stand, even crooked. Even blurred.

This record explains nothing. It shows.

A night, a bruise, a hand on a thigh. Silences in the background. Laughter gone sideways.
“Baby’s crazy sexy,” sings Medosch — and there’s vertigo in the simplicity.
It’s not irony. It’s bodily truth. A truth lived through your hips.

There’s this moment: “barbecue on Valentine’s with my best friend Eli.”

You see it. You smell it. The heat, the meat, the bruised friendship. That’s where Medosch plants her realness. The details become cinema. The songs: shaky long takes, gorgeous and off-center. Nothing’s clean. Everything’s precious.

The sound? Raw, tight, alive. Produced by Colin Miller, it breathes in gasps. No polish. No autotune. Just sweat, mistakes, instinct. You hear the bodies playing.

You feel the band like a pack. Nothing grooves harder than this: mastered looseness, chaos pulsing like a heartbeat.

And yes — there are moments you don’t understand.

But I’d tell you this: you’re not meant to. You’re meant to feel.

You feel something surviving — beautifully.

This record is a talisman against the polished collapse of things.

This music, played too loud, too loose, too alive, might just be what’s still real.

So no, I won’t explain Sounds Like….

I’ll just say: put it in your ears, loud. Open the windows.

And florry, florry, florry — until the light disappears.

Retour à l'accueil