INDIE - BETTER DREAMING - TUNE-YARDS - ALBUM - 2025
22 mai 2025TUNE-YARDS — Un été étrange et splendide
Dès les premières secondes de Better Dreaming, un courant passe. C’est lumineux et diffracté. Comme si Merrill Garbus s’était mise à composer avec des tessons de verre colorés. Ça cliquette, ça groove, ça étincelle. On entend presque les pieds nus sur le carrelage d’une maison trop chaude. L’album entier (tu y entres comme dans une piscine à 18h) respire la liberté, la dissonance joyeuse, la sueur sèche sur la peau.
Ce disque — son plus inventif depuis longtemps — sonne comme un labo vivant : rythmes tordus, chants superposés, fantômes d’influences malicieusement digérées (par moments on croirait entendre un mix entre M.I.A. et Animal Collective sous acide citron). Merrill Garbus ne cherche plus à prouver quoi que ce soit. Elle joue. Elle danse. Elle redevient un être sauvage, précis, drôle. Une artiste de l’instinct.
Et c’est peut-être ça qui rend Tune-Yards aussi nécessaire cet été : cette manière de ne pas flatter les algorithmes mais les désaccorder. De faire du funk sans vanité, de l’afro-pop mutant sans carte postale. Chaque morceau est un terrain de jeu : Heartbreak, Limelight, How big is the rainbow, Better Dreaming, tout claque. Tout est inventé à chaque battement. Ce n’est plus un album, c’est une chorégraphie d’ondes. Une tentative de secouer le réel avec le corps. Et ça marche.
À Cannes, il aurait peut-être accompagné les courses nocturnes de Chocolat, les silhouettes éblouies de Beau Travail, ou les instants suspendus de Fish Tank. Le genre de musique qui rend les plans fixes plus vivants, les scènes banales plus flamboyantes.
Alors voilà : il y a des disques qui fondent au soleil. D’autres qui le reflètent. Celui-ci ? Il le déforme. Il te le jette en pleine figure, en rit, et te prend par la main. Better Dreaming est le nom parfait. Parce que c’est ça : rêver, mais en mieux. Et surtout, ensemble.
TUNE-YARDS — A Strange and Splendid Summer
From the first seconds of Better Dreaming, a current runs through. It’s bright and fractured. As if Merrill Garbus were composing with shards of colored glass. It clicks, it grooves, it sparkles. You can almost hear bare feet on the tiles of an overheated house. The whole album (you enter it like a swimming pool at 6 p.m.) breathes freedom, joyful dissonance, the feel of dried sweat on skin.
This record — her most inventive in years — sounds like a living lab: twisted rhythms, layered vocals, ghosts of influences mischievously digested (at times it’s like M.I.A. and Animal Collective went lemon-acid tripping together). Merrill Garbus isn’t trying to prove anything anymore. She’s playing. She’s dancing. She’s become wild again — precise, funny, instinctive. An artist led by intuition.
And maybe that’s what makes Tune-Yards so necessary this summer: this refusal to flatter algorithms — instead, she scrambles them. Funk without ego, mutant afro-pop without the postcard gloss. Every track is a playground: Heartbreak, Limelight, How Big Is the Rainbow, Better Dreaming — each one slaps. Each one feels invented in real time. It’s no longer an album, it’s a choreography of sound waves. A full-body attempt to shake reality. And it works.
In Cannes, it might’ve scored Chocolat’s nighttime sprints, the dazed silhouettes of Beau Travail, or the suspended moments of Fish Tank. The kind of music that makes static shots feel alive, and ordinary scenes glow.
Because some records melt in the sun. Others reflect it. This one? It warps it. Throws it back in your face, laughs, and grabs your hand. Better Dreaming is the perfect name. Because that’s exactly what it is: dreaming — but better. And above all, together.