SLOWCORE - Great Grandpa "Patience, Moonbeam" - ENGL/FR VERSION
16 avr. 2025FRENCH
Great Grandpa – Patience, Moonbeam
Un disque qui ne cherche pas à briller, mais qui éclaire.
Ils sont revenus.
Sans fracas.
Sans tapage.
Juste des chansons, un peu cabossées, un peu magiques.
Great Grandpa.
Toujours ce nom de vieux bizarre pour un groupe de jeunes qui savent trop ce que c’est que l’usure.
Et « Patience, Moonbeam », ce n’est pas un disque de retour.
C’est un disque de présence.
Des années de silence.
De traversée du rien.
Mais ils n’ont jamais arrêté d’écrire — même quand personne n’écoutait.
Même quand l’envie partait.
Ils ont laissé la douleur se tordre doucement, comme une plante qui cherche la lumière sous un ciel en plomb.
Premier morceau : "Sleep".
Pas une menace. Une tendresse.
Le mot est lourd. La chanson est légère.
Guitare claire, batterie qui tremble.
Tu crois que ça va se casser la gueule.
Mais non.
Ça tient.
Comme les gens qui sourient malgré le bordel.
"Junior", "Emma", "Ladybug"...
Des titres simples.
Comme des surnoms qu’on donne à ceux qu’on aime trop.
Comme des souvenirs qu’on effleure du bout des doigts.
Il y a de la beauté là-dedans. Mais pas la beauté qu’on encadre.
Une beauté vivante.
Qui boîte un peu.
Qui cligne des yeux.
Une beauté qu’on n’ose pas trop regarder dans les yeux de peur qu’elle disparaisse.
Ils parlent d’amour, de deuil, de fatigue, de plantes en pot, de la façon dont le soleil entre dans une chambre à 17h04.
Et ça suffit.
Le chant est doux mais jamais lisse.
La voix est une main tendue.
Pas une performance. Une présence.
On dirait qu’elle te parle directement.
Qu’elle connaît ton nom.
Il n’y a pas de gimmick.
Pas d’autotune.
Pas de filtre.
Juste des gens qui jouent ensemble, comme si c’était la dernière fois.
Ou la première.
C’est un disque qui ne crie pas.
Mais il dit tout.
Avec lenteur. Avec bienveillance.
Comme une lettre écrite à la main, avec des ratures et un cœur dessiné dans la marge.
« Patience, Moonbeam », ce n’est pas une suite logique.
C’est une chambre dans laquelle on peut s’asseoir.
C’est un chien qui vient poser sa tête sur ton genou.
C’est une prière sans Dieu.
Un feu sans spectacle.
Juste assez pour te réchauffer.
Et ça suffit.
ENGLISH
Great Grandpa – Patience, Moonbeam
A record that doesn’t try to shine, but quietly glows.
They came back.
Without noise.
Without fuss.
Just songs—bruised, magical things.
Great Grandpa.
Still that odd old-man name for a band of young people who know too well what weariness feels like.
And Patience, Moonbeam isn’t a comeback record.
It’s a record of presence.
Years of silence.
Of crossing the void.
But they never stopped writing—even when no one was listening.
Even when the will slipped away.
They let the pain twist slowly, like a plant straining for light under a leaden sky.
First track: “Sleep.”
Not a threat. A tenderness.
The word is heavy. The song is light.
Clear guitar, trembling drums.
You think it’s about to fall apart.
But no.
It holds.
Like people who smile through the mess.
“Junior,” “Emma,” “Monsters.”
Simple titles.
Like nicknames you give to people you love too much.
Like memories you brush with your fingertips.
There’s beauty here. But not the kind you frame.
A living beauty.
One that limps a little.
That squints at the light.
A beauty you’re afraid to stare at too long, in case it vanishes.
They sing of love, of grief, of exhaustion, of potted plants, of how the sun falls into a bedroom at 5:04 PM.
And it’s enough.
The vocals are gentle but never polished.
The voice is an outstretched hand.
Not a performance—an offering.
It feels like it’s speaking to you.
Like it knows your name.
There’s no gimmick.
No autotune.
No filter.
Just people playing together, like it’s the last time.
Or the first.
This record doesn’t shout.
But it says everything.
With slowness. With kindness.
Like a handwritten letter, full of cross-outs and a heart drawn in the margins.
Patience, Moonbeam isn’t a logical next step.
It’s a room you can sit in.
A dog resting its head on your knee.
A prayer without a god.
A fire without spectacle.
Just enough to keep you warm.
And that’s enough.