LIVE - ST. VINCENT - FNAC LIVE PARIS - 2/07/25
St. Vincent au Fnac Live Paris : Divine Électricité sous les Étoiles de l’Hôtel de Ville

La ville avait su attendre. Après des jours de canicule collée aux peaux et aux façades, une fraîcheur bienvenue s’abattait enfin sur Paris, comme une bénédiction venue du ciel. Le vent glissait entre les colonnes de l’Hôtel de Ville, et la lumière des projecteurs jouait déjà avec les reliefs néogothiques du bâtiment. Devant la scène du Fnac Live Paris, le parvis s’était rempli d’un peuple compact et frémissant, aimanté par une seule force : St. Vincent.

Annie Clark. silhouette sculpturale, regard fauve. Annie Clark, alias St. Vincent, incarne la déchirure avec une élégance extraterrestre. On ne sait plus si l’on est face à une rockeuse ou à une déesse descendue d’une constellation glam. Elle tord la douleur dans ses guitares comme d’autres sculptent le silence.

Il n’y a pas de préambule. "Broken Man" fend la nuit comme une lame. Le riff est sale, pesant, presque industriel. Elle le fait rugir comme une bête qu’on aurait trop longtemps tenue en cage. Et elle danse avec. L’homme brisé devient rituel, miroir, exorcisme.

Et déjà, nous sommes à genoux.

Tout en elle parle un langage de contrastes : l’élégance clinique d’un futur qui dérange, et la chaleur furieuse du rock organique. Sa gestuelle est mathématique, précise, mais jamais froide. C’est un théâtre intérieur qui déborde, un opéra électrique où chaque mouvement semble pesé dans l’or du silence.

Le public — immense et pourtant intime — est suspendu à ses lèvres, ses doigts, ses éclats de voix.

Les morceaux défilent comme des visions.
"Los Ageless" et sa rage synthétique.
"Cheerleader", ballade vénéneuse qui glisse dans la nuit comme un rêve à moitié digéré.
"Sugarboy", sous stroboscopes intenses, prend des allures de procession techno-érotique.
Et "Violent Times", noir joyau d’un temps qui grince, convoque les spectres intérieurs qu’on croyait apprivoisés.

Les transitions sont à peine marquées : pas besoin de mots quand l’onde porte tout.

Mais parfois, elle parle. De sa joie d’être ici, à Paris, pays des révolutions douces et du chaos élégant. Elle évoque, d’un mot, son Amérique tourmentée. Sans militantisme. Avec lucidité. Et gratitude. Ce soir, elle est libre. Elle rayonne. Elle semble plus légère que l’air.

"Pay Your Way in Pain" fait danser les ombres. Une sorte de prêche disco-funk, théâtral et divin, où elle endosse le costume de prédicatrice blessée. Sa voix fend les couches du ciel, descend, remonte, frappe juste.

Et toujours cette guitare. Qu’elle manie comme une épée, comme une amante, comme une arme de révolte. Chaque solo est un vertige.

Autour d’elle, une constellation de musiciens à couper le souffle.

À la batterie, Mark Guiliana, connu pour avoir accompagné Bowie sur son testament noir, Blackstar. On entend l’écho de Ziggy dans chaque frappe, dans chaque silence. L’hommage est subtil, mais vibrant. Tout dans ce live sent le glam revisité, le freak réhabilité, le rock transfiguré.

Puis, comme un sommet dans l’ascension : "All Born Screaming".
Elle s’abandonne. Elle explose.
Le morceau est un cri cosmique, une naissance à vif.
Nous aussi, on renaît, lessivés, les nerfs à fleur de nuit.

Et puis — le noir.

Le silence qui suit est presque brutal. Le concert s’est achevé sans prévenir, comme une gifle douce.
Trop court. Bien trop court.

Mais peut-être fallait-il que ça brûle ainsi, vite, fort, pour laisser la trace.
Une morsure sonore dans le cœur.
Un souvenir phosphorescent au bord des paupières.

St. Vincent, ce soir-là, n’a pas seulement donné un concert. Elle a ouvert un portail. Et nous avons eu la chance d’y entrer.

LIVE - ST. VINCENT - FNAC LIVE PARIS - 2/07/25

St. Vincent at Fnac Live Paris: Divine Electricity Beneath the Stars of Hôtel de Ville

 

The city knew how to wait. After days of relentless heat clinging to skin and stone, a welcome breeze finally swept through Paris — like a blessing fallen from the sky. The wind slipped between the columns of Hôtel de Ville, and the stage lights were already dancing across the neo-Gothic details of the façade. In front of the Fnac Live Paris stage, the square filled with a dense, quivering crowd, all drawn by a single force: St. Vincent.

Annie Clark. A sculptural silhouette, a wild, feral gaze. Annie Clark — also known as St. Vincent — embodies rupture with an otherworldly elegance. You no longer know whether you’re facing a rock star or a goddess descended from some glam constellation. She twists pain through her guitar the way others carve silence. She makes it roar like a beast kept caged for far too long — and then dances with it. The broken man becomes ritual, mirror, exorcism.

And already, we’re on our knees.

Everything in her speaks a language of contrasts: the clinical elegance of a disturbing future, and the raw, furious heat of organic rock. Her movements are mathematical, precise — but never cold. It’s an inner theatre spilling out, an electric opera where every gesture feels weighed in the gold of silence.

The audience — massive, yet somehow intimate — is suspended on her lips, her fingers, her flashes of voice.

The songs unfold like visions.
"Los Ageless", with its synthetic rage.
"Cheerleader", a venomous ballad that slides into the night like a half-remembered dream.
"Sugarboy", under strobe lights, morphs into a techno-erotic procession.
And "Violent Times", a dark jewel of a fractured era, summons inner specters we thought we had tamed.

Transitions are barely marked — no need for words when the current carries everything.

But sometimes, she speaks.

Of her joy at being here, in Paris — a country of gentle revolutions and elegant chaos.

She glances, gently, at the turmoil of her America. No slogans. Just lucidity. And gratitude.
Tonight, she is free. She shines. She seems lighter than air.

"Pay Your Way in Pain" makes shadows dance.
A kind of disco-funk sermon, divine and theatrical, where she becomes a wounded preacher in glitter heels.
Her voice slices through layers of sky, descends, ascends, and lands with precision.

And always, that guitar.
Which she wields like a sword, like a lover, like a weapon of rebellion.
Every solo is a vertigo.

Around her, a constellation of breathtaking musicians.
On drums: Mark Guiliana, known for his work on Bowie’s dark testament Blackstar.
Ziggy’s echo pulses through every beat, every pause.
The tribute is subtle but radiant.
This performance breathes with the glam reimagined, the freak redeemed, the rock transfigured.

And then — the peak of the ascent: "All Born Screaming".
She surrenders. She erupts.
The song is a cosmic cry, a raw birth.
We, too, are reborn — wrung out, our nerves humming at the edges of the night.

And then — darkness.

The silence that follows is almost violent.
The concert ends without warning, like a soft slap.
Too short. Far too short.

But maybe it had to burn this way — fast, bright — to leave its mark.
A sonic bite to the heart.
A phosphorescent memory pressed against the backs of our eyelids.

That night, St. Vincent didn’t just perform a concert.
She opened a portal.
And we were lucky enough to step through it.

Retour à l'accueil