ROCK EXPERIMENTAL - COCOROSIE - Little Death Wishes - ENG/ FR VERS - 2025
03 avr. 2025CocoRosie - "Little Death Wishes" : Fantômes, murmures et fin du monde en dentelle
Vingt ans que CocoRosie hante la musique. Deux décennies à tricoter une folk mutante, des comptines dysfonctionnelles et des collages sonores déroutants. Bianca et Sierra Casady, les sœurs mi-sorcières mi-fées, reviennent avec "Little Death Wishes", un disque spectral. Elles métamorphosent encore leur folklore intime. Toujours perchées quelque part entre le bizarre et le sublime, elles signent un album de fantômes, de prières fébriles et de blessures réouvertes. En réalité vingt ans
Des berceuses post-apocalyptiques. "Cut Stitch Scar", le premier extrait, annonce la couleur : une mélodie délicate qui vrille en ritournelle malade, comme une poupée cassée qui tente un dernier chant avant de s’éteindre. La voix de Sierra, lyrique et angélique, s’oppose aux miaulements murmurés de Bianca, toujours à la limite de la rupture. C’est beau, c’est troublant, ça flotte dans l'air comme une prière à demi-mots.
La musique de CocoRosie est une rivière souterraine qui se faufile entre le hip-hop lo-fi, l'opéra baroque, l’écho fétichiste. Difficile à atteindre. "Little Death Wishes" ne déroge pas à la règle : les percussions brinquebalantes croisent des harpes cristallines, des beats bancals rencontrent des chœurs hantés. Parfois, on se croirait dans un cabaret de la fin du monde, où l’on danse lentement sur des décombres. Les mélodies emportent comme un souffle. Une tempête parfois.
Un album qui s’effeuille, comme un secret. Les textes, eux, jouent sur l’ombre et la lumière, le deuil et l’espoir fêlé. L’album porte bien son titre : "Little Death Wishes", ce sont ces petits adieux qu’on adresse à nos anciennes versions, ces souvenirs que l’on répète en boucle avant de les laisser s’évaporer. C'est intime, presque inconfortable, et d'une poésie fragile.
En 2024, CocoRosie est toujours une anomalie musicale. Aucune concession, aucun arrondi. Leur art reste un couteau émoussé, une esthétique décalée qui divise : on aime ou on déteste, mais impossible d’y être indifférent.
"Little Death Wishes" s’écoute comme on rêve : à demi-conscient, quelque part entre l’enfance et l’étrange.
Un album fébrile, un frisson de porcelaine brisée.
ENGLISH
CocoRosie - "Little Death Wishes": Ghosts, Whispers, and an Apocalyptic Lullaby
CocoRosie has been haunting music for twenty years. Two decades spent weaving mutant folk, dysfunctional nursery rhymes, and unsettling sonic collages. Bianca and Sierra Casady, half-witches, half-fairies, return with “Little Death Wishes”, a spectral album. Once again, they reshape their intimate folklore. Forever perched somewhere between the bizarre and the sublime, they deliver a record of ghosts, feverish prayers, and reopened wounds.
Post-apocalyptic lullabies. “Cut Stitch Scar”, the first single, sets the tone: a delicate melody that spirals into a sickly refrain, like a broken doll attempting one last song before fading away. Sierra’s voice—lyrical, angelic—clashes with Bianca’s whispered meows, always on the verge of breaking. It’s beautiful, it’s unsettling, it lingers in the air like a half-spoken prayer.
CocoRosie’s music is an underground river, winding through lo-fi hip-hop, baroque opera, and fetishistic echoes. Hard to grasp. “Little Death Wishes” is no exception: clattering percussion collides with crystalline harps, offbeat rhythms meet haunted choirs. At times, it feels like a cabaret at the end of the world, where people slow-dance amid the ruins. The melodies carry you like a breath. Sometimes, like a storm.
An album that unfolds like a secret. The lyrics play with shadow and light, grief and fractured hope. The album lives up to its name: Little Death Wishes are those small farewells we whisper to our past selves, the memories we loop in our minds before letting them dissolve. It’s intimate, almost unsettling, and achingly poetic.
In 2024, CocoRosie remains a musical anomaly. No concessions, no smoothing of edges. Their art is a blade—dulled but still cutting—shaping an aesthetic that divides: you love it or you hate it, but indifference is not an option.
“Little Death Wishes” is an album to be listened to like a dream—half-conscious, somewhere between childhood and the uncanny.
A fragile shiver, like shattered porcelain.