POST - POP - Youth Lagoon "Rarely Do I Dream" ENG/FR VERS
16 avr. 2025FRENCH
Youth Lagoon – Rarely Do I Dream
Résurrection synthétique et fièvre sacrée
Trevor Powers s’est effondré en 2016.
Enfin, Youth Lagoon l’était.
Il l’avait enterré sous les nappes de « Savage Hills Ballroom », vidé de lui-même, vidé du trop.
Il avait besoin de silence. D’obscur. D’effacement.
Il a disparu. Puis il a failli disparaître pour de bon.
En 2021, il perd sa voix à cause d’une réaction médicamenteuse.
Plus de mots. Plus de sons.
Juste des cris muets dans une gorge détruite.
Alors il écoute. Il écrit. Il se tait longtemps.
Et puis, miracle noir.
La voix revient.
Mais changée.
Comme brûlée au fond.
Et avec elle, Youth Lagoon renaît.
En version brute. Crue. Viscérale.
“Rarely Do I Dream”, c’est pas un comeback.
C’est un exorcisme.
On est loin des rêveries lo-fi de « The Year of Hibernation » (2011).
Fini les petits claviers qui clignotent dans le noir comme des étoiles mortes.
Fini la naïveté de chambre, les échappées douces.
Ce disque-là a grandi. Il a pris des coups.
Il est vivant, pas poli.
On retrouve un peu du chaos onirique de « Wondrous Bughouse » (2013),
mais ici, le psychédélisme est fracturé. Sale.
Déformé.
Pas de poudre magique, juste de la cendre.
Les mélodies sont là, mais elles se battent pour respirer.
Chaque titre est une lutte entre beauté et naufrage.
Ça gratte, crisse, percute.
Un morceau comme des rêves de fièvre.
«Lucy Takes a Picture»
Un titre qui rampe sous la peau.
On ne sait jamais s’il berce ou s’ils ronge.
Et toujours cette voix.
Pas parfaite.
Mais vraie.
Presque punk, dans sa manière de pas chercher l’accord.
Trevor chante comme on se jette du haut d’un pont.
Avec foi. Avec panique. Avec style.
« Rarely Do I Dream », ce n’est pas un disque pour s’évader.
C’est un disque pour plonger.
Pour affronter ce qu’on garde au fond.
L’enfance. La douleur. L’absence de réponses.
Tout ça dans un bain d’éther synthétique et de silence réanimé.
Il ne rêve peut-être plus souvent.
Mais quand il rêve, le monde s’arrête.
Et toi aussi.
ENGLISH
Youth Lagoon – Rarely Do I Dream
Synthetic resurrection and sacred fever
Trevor Powers collapsed in 2016.
Well—Youth Lagoon did.
He buried it beneath the synth layers of Savage Hills Ballroom,
drained of himself, drained of the too much.
He needed silence. Darkness. Erasure.
He vanished.
Then nearly vanished for good.
In 2021, he lost his voice due to a medication reaction.
No more words. No more sounds.
Just mute screams clawing through a ruined throat.
So he listened.
He wrote.
He stayed silent for a long, long time.
Then—black miracle.
His voice came back.
But changed.
Burned, from the inside.
And with it, Youth Lagoon came back too.
Rawer. Harsher. More visceral.
“Rarely Do I Dream “isn’t a comeback.
It’s an exorcism.
Gone are the lo-fi daydreams of “The Year of Hibernation” (2011).
No more twinkling keyboards like dead stars in a teenage bedroom.
No more sweet escapes or soft naivety.
This record has grown up.
It’s been hit.
It hits back.
It lives. It doesn’t behave.
There’s still a flicker of “Wondrous Bughouse” (2013) in the sonic chaos,
but here, the psychedelia is fractured.
Dirty.
Warped.
No fairy dust—just ash.
The melodies are there, but they have to fight to breathe.
Every track is a battle between beauty and collapse.
It scrapes, hisses, punches.
Song like fever dreams.
“Lucy Takes a Picture.
It crawl under your skin.
You never know if it’s soothing or devouring you.
And that voice.
Not perfect.
But true.
Almost punk—in its refusal to be clean.
Trevor sings like he’s jumping off a bridge.
With faith. With panic. With style.
Rarely Do I Dream isn’t a record you escape into.
It’s one you dive through.
To face what you’ve buried.
Childhood. Pain. The absence of answers.
All of it swimming in a bath of synthetic ether and reanimated silence.
He may not dream often anymore.
But when he does—
The world stops.
And so do you.